Harpeet Devin est un homme qui avance en regardant dans le rétro. Sa voiture de taxi qui ne roule qu’en marche arrière dans la ville de Bathinda, en Inde, fait aussi, désormais, le tour des réseaux sociaux de la planète.
Sur la route du succès
Sur le pare-brise de sa Fiat 1100, un autocollant géant préventif « Reverse gear » (signifiant marche arrière) masque la visibilité. Sur son capot avant, le drapeau indien, sur les ailes avant droite et gauche, son adresse de courrier électronique, et sur les portes, son numéro de téléphone. Le chauffeur revendique les couleurs de son pays et sollicite ses clients. A grands coups d’accroches visuelles. Mais voilà, l’initiative à contre-courant du petit chauffeur, devenu star locale de Bathinda, ville du nord-ouest de l’Inde, dépasse les frontières et remporte même un franc succès sur les réseaux sociaux. Avec plus de 450’000 vues, tout roule pour le chauffeur qui s’octroie une belle publicité.
Harpeet Devin n’a pas peur des torticolis avec sa conduite très particulière mais confesse, tout de même, des douleurs dans le cou et le dos. Depuis onze ans, il conduit en marche arrière.
« Je voulais faire quelque chose de spécial, de nouveau. J’ai pensé faire quelque chose que personne n’avait jamais fait. Conduire en marche arrière, personne n’a jamais vu ça! », confie-t-il.
Tout est parti d’un problème mécanique: la voiture ne roulait qu’en passant la marche arrière.
« Un jour, ma voiture s’est mise à rouler seulement en marche arrière. J’étais loin de la ville, sans argent. Alors, j’ai conduit en marche arrière tout le trajet pour rentrer jusque chez moi. Puis petit à petit, je me suis dit que c’était bien de conduire en marche arrière et j’ai gagné en confiance », conclut le chauffeur.
Permis de rouler
Harpeet Devin s’est pris au jeu et a décidé d’en faire son fonds de commerce. Son véhicule est maintenant complètement adapté à la conduite à l’envers. Il a bricolé sa boîte de vitesses: quatre vitesses de marche arrière et une seule pour aller en avant. Il a aussi interverti les feux avant et les feux arrière. Depuis, il s’est ainsi mis à rouler en arrière tout le temps. Il a même un permis spécifique délivré par l’Etat pour sa conduite en ville. D’ailleurs, pour la sécurité des autres, il avertit les conducteurs et les piétons avec une sirène. Le « Back gear champion », ce champion de la marche arrière, comme il n’hésite pas à se nommer en estampillant sa marque de fabrique sur les portes de sa voiture, a choisi la bonne conduite pour poursuivre son business, sans s’attirer les foudres des autorités indiennes.
(Caroline Canault/ATCNA)
CCA2/AllTheContent